Cette "techno non élue", les puissants patrons de fédérations l'avaient prise de haut. On en imagine au moins deux tout prêts à revoir leurs avis: Bernard Laporte, ancien ministre et patron du rugby, condamné pour corruption en première instance a d'abord dû se "déporter" sous sa pression. Puis le grand manitou du foot, Noël Le Graët qui il est vrai s'était égaré à mépriser notre trésor national vivant: Zinédine Zidane. Il ne s'en accrochait pas moins. Elle l'a décroché.
Une énarque fille d'énarque
AOC est désormais a minima une appellation d'éthique contrôlée. À la surprise des chefs à plumes qui pensaient la croquer toute crue ou la bordurer comme ils avaient fait avec sa prédécesseure, l'ex-nageuse Roxana Maracineanu. Grave erreur sur la personne et sur l'époque. Ces messieurs n'ont pas vu à qui ils avaient affaire. Une énarque fille d'énarque.
De la promotion Senghor. Celle-là même d'Emmanuel Macron. La dame est issue de la famille des Duhamel, le cauchemar de Chirac, familière donc du pouvoir. Une femme de conviction, rompue aux arcanes de la gouvernance. Lourde erreur que d'avoir sous-estimé cette ministre-là, qui déjà a obtenu un titre plein et pas seulement un secrétariat d'Etat.
Elle sait commander à son administration - contrairement à nombre de ministres sportifs avant elle - et peut compter sur le soutien du président. Quand elle s'avance, AOC n'a pas besoin de surveiller ses arrières. Dans l'ombre du chef de l'Etat, Amélie Oudéa-Castéra se prépare depuis des années et a appris la communication de combat. Un combat au féminin.
#MeToo comme sport de combat
#MeToo est une lame de fond qui la porte, quand ces messieurs des fédérations l'ignorent beaucoup trop. Ils ont certes fait une place au foot ou au rugby féminin, comme une concession à l'esprit du temps, mais dans leurs regards, leurs comportements, leur exercice du pouvoir, ils se conduisent souvent en satrapes, qui tiennent les femmes pour des proies. Des années durant, des plaintes pour comportement indélicat ont été enterrées à la Fédération française de football. Ce qui ressort aujourd'hui mériterait que toute la gouvernance, a minima passive, soit renouvelée.
Voilà le défi, au-delà de la bonne organisation de la Coupe du Monde de rugby 2023 et des jeux Olympiques 2024, pour la ministre et pour l'honneur du pays: l'affirmation du sport comme participant au premier chef du "commun". Ce n'est pas seulement une activité physique, c'est une façon de vivre solidairement ensemble. Les milliers d'éducateurs, les millions de pratiquants sur tous les terrains de France ne font pas que de l'exercice physique pour leur seul plaisir ou la forme: ils devraient être des athlètes complets par l'esprit collectif. La fraternité.
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Au sommet de leur art, nos équipes nationales de basket, de handball, de football, de volley l'ont déjà compris, grâce souvent à leurs entraîneurs, qui prêchent les vertus de l'exemplarité. Les "pères supérieurs" doivent s'y mettre aussi sous la férule de leur ministre.
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