S’ils soutiennent les restrictions mises en place par la préfecture faute d’eau, des loueurs de canoë et rafting déplorent un manque de communication, et des décisions unilatérales qui risquent de leur faire mettre la clé sous la porte. Pourtant, d’après eux, la solution serait toute simple.
Tous les jours, comme chaque été, Geoffrey Cadenel attend avec impatience le mail d’EDF, l’informant à quelle heure seront effectués les lâchers d’eau depuis les barrages de Rouze et Nentille. Une information cruciale pour le loueur de canoë, installé sur la base de loisirs de Couiza. "S’il n’y a pas assez d’eau, l’Aude devient vite impraticable".
Si jusqu’à présent les usagers de l’Aude, EDF et l’État parvenaient à s’entendre sur les lâchers d’eau de l’été, le divorce semble être prononcé cette année. Depuis le 11 juillet dernier, la préfecture de l’Aude a placé l’ensemble du département en alerte sécheresse. Un arrêté préfectoral qui impose certaines restrictions d’utilisation de l’eau au niveau des usages domestiques, de loisirs, ou pour les stations d’épuration. Les autorités constatent en effet que "les perspectives de remplissage du réservoir de Matemale ne sont toujours pas favorables avec une situation extrêmement tendue sur la ressource", en raison d’une hydrologie globalement déficitaire, de températures élevées et de l’absence de pluviométrie significative au cours des derniers mois. Le but de ses mesures : éviter de se retrouver à sec.
Une situation hydrique que les loueurs de canoë et rafting ne réfutent pas. "L’État prend ses précautions et c’est normal, relève Michel Granger, gérant d’Alet eau vive. La sécheresse dans l’Aude ça n’est pas nouveau, c’est même pour ça qu’on a construit le barrage de Matemale, en 1959".
Mais en décidant de réduire le débit d’eau en deçà des 7 m3/s, la préfecture compliquerait l’activité des loueurs, en particuliers de rafting. "Avec les 5 m3/s prévu, les bateaux de huit personnes ne passent pas", affirme Michel Granger. Un manque à gagner terrible pour ce professionnel, qui se voit contraint de proposer des alternatives "insatisfaisantes à ses clients". "On prévient les gens de la situation. On essaie de leur proposer des rafts plus petits, mais ça le fait pas", déplore le professionnel.
Loueur de canoës rigides, Geoffrey Cadenel rencontre lui aussi des difficultés. Habituellement lâchées vers les 9 heures, les eaux du lac de Matemale le sont à présent sur les coups de 11 heures, ce qui retarde leur arrivée sur Couiza ou Alet. "En gros on a un débit suffisant pour les familles, mais uniquement à 17 h-17 h 30. À cette heure-ci il y a longtemps que je ne fais plus de départs". Et le faible niveau d’eau fait également fuir les clients.
"Dans la vallée ça se sait qu’il n’y a pas d’eau alors les habitués ne viennent plus. Et ceux qui viennent d’ailleurs ne sont pas très contents : ce n’est pas agréable de devoir sortir du canoë pour le tirer sur des cailloux. Même si on les prévient à l’avance". Sans compter que le faible niveau d’eau endommage les embarcations, trouant la coque. "On est mi-juillet, et j’ai déjà des canoës en bout de vie". Le loueur ne sait pas s’il pourra tenir toute la saison. Pas le choix : il a engagé deux salariés jusqu’à la fin de l’été. "Si je tiens jusqu’au 15 août se sera déjà le bout du monde". Pourtant, selon Michel Granger, la solution serait toute simple. "On ne demande pas de nous rajouter de l’eau, c’est la sécheresse, c’est normal. Mais on voudrait une meilleure répartition : au lieu de ne lâcher que 5 m3/s tout le temps, en lâcher 7 à un moment en réduisant sur d’autres créneaux". Le loueur compte se battre jusqu’au bout "Les sports d’eau vive c’est ce qui fait vivre la Haute Vallée". De son côté, le thermomètre continue d’avoisiner les 38 °C. Le département est en vigilance jaune canicule pour la deuxième fois de l’été. Et Météo France ne prévoit pas de précipitations sur l’Aude dans les prochains jours.
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